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Entretien avec

Nadia PELLEFIGUE

 Vice-Présidente

de la Région Occitanie

en charge de l’économie, de l’innovation, de l’enseignement supérieur et de la recherche

 

 

 

"IRRIGUER LES TERRITOIRES AUX CÔTÉS DES ACTEURS ÉCONOMIQUES LOCAUX"

 

DDM : Dans le Tarn comme dans l'ensemble de l'Occitanie, comment favoriser un développement économique territorial, hors des deux grandes métropoles ?

Nadia PELLEFIGUE : Dès le début du mandat, sous l'impulsion de la présidente de Région Carole Delga, nous avons fait le choix d'irriguer l'ensemble des territoires en assurant une présence physique dans les treize départements, avec les Maisons de la Région, qui accueillent notamment des experts de l'agence de développement économique AD'Occ. L'objectif est de pouvoir agir sur le terrain, dans une relation de proximité avec les acteurs locaux. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place des partenariats avec toutes les parties prenantes, qu'il s'agisse des acteurs consulaires (CCI, Chambres de métiers et de l'artisanat, Chambres d'agriculture), des structures syndicales et des représentants de filières.

De même, nous avons impulsé la création de Leader Occitanie et sa déclinaison dans les différents départements, à l'image de Leader Tarn. De la sorte, nous nous appuyons sur des acteurs locaux à fort potentiel de croissance, qui croient en la nécessité de consolider l'innovation dans les territoires.

 

DDM : Vous prônez donc un travail d'équipe ?

Nadia PELLEFIGUE : Absolument. Tout en assumant pleinement son rôle de chef de fil du développement économique, la Région s'appuie résolument sur le volontarisme local. Nous encourageons les initiatives et les expérimentations. Pour cela, nous travaillons main dans la main avec les intercommunalités, mais aussi avec les acteurs privés qui portent des dynamiques de développement.

 

DDM : Dans ce contexte, quel rôle peut jouer le numérique ?

Nadia PELLEFIGUE : Le numérique est une filière en tant que tel. Mais c’est également une technologie transversale à l’ensemble des autres filières. Passer à côté de ce défi de la transition numérique puis de la digitalisation, c’est un risque pour l’entreprise, pour l’emploi et la dynamique des territoires.

C’est aussi un enjeu sociétal fort : nous travaillons par exemple au déploiement des écoles régionales du numérique pour aider à la formation sur ces métiers comme sur les infrastructures avec le soutien au plan Très Haut Débit (THD).

Notre objectif est d'éviter les fractures numériques dans les territoires, afin que tous les acteurs puissent localement accélérer leur transformation.

 

DDM : Comment favoriser la ré-industrialisation des territoires ?

Nadia PELLEFIGUE : Au travers du programme “Territoires d'industrie”, initié par l'Etat, des projets industriels multipartites sont soutenus par la puissance publique, et notamment par la Région, qui est évidemment en première ligne sur ces sujets.

En France, nous sommes très performants dans la recherche et le développement. Mais malheureusement, la production, elle, part trop souvent à l'étranger. Nous souhaitons, au contraire, mobiliser les savoir-faire de nos territoires. Par ailleurs, nous estimons que l'industrie locale doit se mettre en adéquation avec les besoins exprimés directement dans le territoire, dans une logique de circuits courts.

Dans le cadre de nos travaux sur le “Green New Deal” régional, dont les conclusions seront données à l’automne, nous aborderons clairement ce sujet de la transformation de nos modèles économiques.

 

DDM : Des circuits courts qui sont vertueux d'un point de vue environnemental...

Nadia PELLEFIGUE : Tout à fait. Sur bien des sujets, les entreprises peuvent faire appel à des offreurs de solutions situés à proximité. En favorisant cet ancrage local, on développe de l'emploi non délocalisable tout en générant de substantielles économies d’émission de carbone. Cette logique s'inscrit au coeur de notre stratégie régionale, articulée en deux points : le soutien à l'écosystème local et la mise en place de nouvelles trajectoires, sur des sujets comme l'hydrogène vert et le transport intelligent, qui épousent les nécessaires mutations en matière écologique et sociale.

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Entretien avec

 

Djamel KLOUCHE

architecte-urbaniste

 architecte et urbaniste  fondateur de l'agence parisienne l'AUC

 

 

 “LES TERRITOIRES INTELLIGENTS SONT CEUX QUI MISENT SUR LEURS PROPRES FORCES”

 

DDM En quoi le développement de territoires “intelligents” peut permettre de dessiner une meilleure articulation entre les métropoles et des villes moyennes, comme Albi, par exemple ?

Djamel KLOUCHE On parle beaucoup de villes “intelligentes”, de smart cities... J'aurais plutôt pour ma part tendance à parler, en effet, d'urbanisme intelligent mis au service des territoires. Les villes de taille moyenne, situées en périphérie des grands ensembles urbains, parfois dans un contexte rural, ont tous les atouts pour faire émerger des projets innovants. C'est d'ailleurs ce que la crise actuelle nous rappelle. Mais pour cela, il faut que les territoires en question ne cherchent pas à singer les villes-centres, mais plutôt à miser sur leurs propres ressources. C'est à cette condition que peuvent émerger des boucles locales d'innovation. Les acteurs locaux, qu'il s'agisse des collectivités, des entreprises ou des citoyens eux-mêmes, doivent apprendre à mieux se connaître, afin de tisser des passerelles et de nouer des alliances vertueuses. Un territoire intelligent doit connaître ses forces et ses faiblesses, pour construire un projet adapté et résilient dans le temps.

 

DDM Quel rôle peut jouer le numérique dans ce contexte ?
Djamel KLOUCHE Nous en avons tous fait l'expérience au cours de ces derniers mois : même s'il a bien entendu ses limites, le télétravail – qui s'appuie sur des outils numériques – peut être généralisé. Mais au-delà de cela, le numérique comme la robotique peuvent permettre de bâtir une nouvelle forme d'industrie, permettant de faire émerger des territoires productifs 2.0, où circularité, innovation et solidarité pourraient être les axes de développement. L'histoire industrielle peut s'écrire d'une nouvelle manière, plus résiliente et plus écologique, en s'appuyant sur les ressources locales, qu'elles soient matérielles ou immatérielles. Le numérique devient alors un vecteur permettant de redessiner des écosystèmes enracinés dans le territoire en question, susceptibles de trouver des connexions à la fois proches et lointaines.

 

DDM La question des mobilités ne doit cependant pas être occultée...

Djamel KLOUCHEEn effet. Elle est même au cœur de la problématique : c'est le nerf de la guerre ! Comment se déplacer ? Comment imaginer une mobilité réaliste dans des territoires ruraux souvent peu denses ? En réalité, il faut travailler sur de nouvelles pratiques astucieuses, des solutions hybrides, des expérimentations, en tissant, là encore, des ponts entre les acteurs locaux.

 

DDM De votre point de vue, les territoires intelligents ne peuvent pas exister sans inclusion sociale ?

Djamel KLOUCHE Tout à fait, c'est la condition sine qua non de leur existence. Les territoires intelligents ne peuvent se développer que s'ils intègrent les populations les plus fragiles. Nous le voyons bien avec le mouvement des gilets jaunes. D'ailleurs, toutes ces notions sont liées, qu'il s'agisse de la solidarité ou de l'environnement. Je me refuse ainsi de faire du développement durable une question autonome. En réalité, tout cela fait partie d'un même système hybride. Un développement économique allié à des actions vertueuses d'un point de vue climatique, mais aussi à une mise en oeuvre effective des solidarités.  Au fond, bâtir un territoire intelligent, c'est construire la forme de la négociation entre les différents acteurs et les différentes thématiques. L'urbanisme intelligent, c'est de la diplomatie au sens noble du terme.

 

Entretien avec

 

Pierre ROSI

 PDG  MySam

ALBI

 

 

“GRACE AU NUMERIQUE, NOUS PARTICIPONS AU MAILLAGE TERRITORIAL”

DDM Quelle est la différence entre le modèle de votre société (6 salariés), qui se définit comme un assistant professionnel communautaire des chauffeurs VTC, et celui d'un géant comme Uber ?

Pierre ROSI A première vue, nous évoluons dans le même secteur, mais en réalité, nos modèles sont très différents. Car nous ne faisons pas travailler des chauffeurs VTC. Impossible de nous accuser de salariat déguisé, puisque les chauffeurs sont nos clients ! Grâce à notre application, ils développent leur propre clientèle. Ce fichier leur appartient. Si un jour ils décident de céder leur activité, ils pourront le valoriser comme le serait un fond de commerce.

 

DDM Où en êtes-vous aujourd'hui en termes de développement ?

Pierre ROSI Quelle est la différence entre le modèle de votre société (6 salariés), qui se définit comme un assistant professionnel communautaire des chauffeurs VTC, et celui d'un géant comme Uber ?

Pierre ROSI A première vue, nous évoluons dans le même secteur, mais en réalité, nos modèles sont très différents. Car nous ne faisons pas travailler des chauffeurs VTC. Impossible de nous accuser de salariat déguisé, puisque les chauffeurs sont nos clients ! Grâce à notre application, ils développent leur propre clientèle. Ce fichier leur appartient. Si un jour ils décident de céder leur activité, ils pourront le valoriser comme le serait un fond de commerce.

 

DDM Où en êtes-vous aujourd'hui en termes de développement ?

Pierre ROSI Nous travaillons, sans restriction de territoire, avec plus de 6 000 chauffeurs VTC et sommes présents dans plus de 200 villes, et en particulier dans 200 gares et 70 aéroports. Notre force, c'est que les chauffeurs veulent travailler avec nous. Ce sont eux qui nous contactent. Cela nous permet d'être aujourd'hui numéro un français en termes de disponibilité. Nous sommes partout où sont nos concurrents, mais en plus, nous sommes positionnés dans les villes moyennes et les petites villes parfois reculées. De cette manière, nous participons au maillage territorial.

 

DDM  En quoi le numérique peut-il accompagner l'émergence de nouveaux usages, notamment en matière de mobilité ?

Pierre ROSI C'est très simple : avant, lorsque l'on souhaitait se déplacer, c'était souvent le parcours du combattant. Il fallait trouver un taxi, louer un véhicule... C'était la galère ! Désormais, en un seul clic, on trouve un chauffeur disponible, on choisit son véhicule. C'est un gain d'énergie et de temps considérable. Mais c'est aussi une réelle avancée en matière environnementale. Car les voitures ne font plus des dizaines de kilomètres à vide pour aller chercher un passager.

 

DDM Le numérique permet aussi à une entreprise comme la vôtre, basée à Albi, de se déployer au niveau national, voire international...

Pierre ROSI En effet, c'est cela qui est fantastique avec le numérique. Nous sommes présents partout en France et nous ambitionnons de nous développer en Europe. Et tout cela... depuis le Tarn ! Si nous devions implanter des succursales dans toutes les villes où nous travaillons, ce ne serait évidemment pas viable, d'un point de vue économique, mais aussi écologique.

 

 

Vers de nouveaux usages de la mobilité

 

Au-delà de l'innovation développée par MySam, de nombreuses initiatives émergent dans le territoire pour favoriser de nouveaux usages de la mobilité, dans une logique de développement durable. Dans les villes, on voit ainsi fleurir depuis quelques années des scooters et des trottinettes électriques, tandis que les pistes cyclables fleurissent un peu partout, notamment dans les centres urbains.

Certaines entreprises régionales, ou disposant de sites importants dans le territoire, développent par ailleurs des solutions particulièrement innovantes en la matière. A l'image de la start-up californienne Hyperloop TT, qui imagine depuis l'aéroport de Toulouse-Francazal une capsule de transport à grande vitesse par lévitation magnétique.

Mais les outils numériques permettent également de favoriser la mobilité au travers notamment du déploiement de la 5G et de solutions innovantes de régulation du trafic.

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CONFÉRENCE

 

Claude LENGLET 

représentant 

Europe du Nord

de Jeremy RIFKIN

 

 

 BÂTIR "UN MONDE D'APRÈS DIFFÉRENT DU MONDE D'AVANT"... UN DESIR QUI EST AUSSI DEVENU UN ESPOIR.

 

Intervention de Claude Lenglet

 

Bâtir "un monde d'après différent du monde d'avant" : voici une phrase souvent entendue depuis que la pandémie est arrivée sans crier gare, s'est répandue dans le monde entier et nous a fait perdre nos repères, bouleversant nos vies quotidiennes. Ce drame a fait éclater au grand jour, de façon si soudaine et si forte, un désir qui est aussi devenu un espoir.

Depuis plus longtemps, un espoir identique est dans la tête de celles et ceux qui savent la réalité du dérèglement climatique, de l'épuisement des ressources, de la perte de biodiversité et qui en ont bien mesuré les conséquences : la nécessité d'un changement profond.

(Question qui avait déjà été clairement soulevée dès 1974 par les travaux du Club de Rome et dans l'ouvrage "Limits to Growth" dont la pertinence reste étonnante).

 

En 2020, nous savons tous qu'il nous faut agir, et agir vite, devant des réalités de plus en plus dures : feux dévastateurs en Californie, en Australie, ouragans violents qui se succèdent, raréfaction des espèces, pics de température dans les régions tempérées, fonte accélérée des glaciers…Le temps nous est compté, avec en filigrane cette question lancinante : comment changer, comment infléchir le cours des choses, la marche implacable de nos sociétés et de nos économies, comment rendre désirables des transitions qui parfois dérangent ou inquiètent ?

 

Un tournant économique, sociétal, environnemental s'est pourtant amorcé, mais il n'a jusqu'à présent été ni totalement fédérateur, ni véritablement massif, bien que dans le monde entier, des communautés, des entreprises, des villes et des territoires - comme l'Occitanie - réagissent.

En 2013, les Hauts-de-France ont aussi fait le choix de réagir avec une démarche originale, inspirée et accompagnée par le prospectiviste américain Jeremy Rifkin.

Comment cette démarche, que nous appelons rev3, est-elle née, comment s'est-elle développée, avec quels acteurs ? Quelles en sont les composantes principales ? En sept années qu'avons-nous appris, quels enseignements en tirons-nous ? Avançons-nous assez vite, avec assez d'ambition ? En avons-nous mesuré toutes les opportunités ? 

A quels résultats, tangibles, concrets, est-elle aujourd'hui parvenue ? Quelles sont ses forces, mais aussi ses faiblesses ?  Quel impact économique ? Que nous faut-il faire maintenant ?

Est-ce un projet duplicable ?

Existe-t-il des lignes de force communes à différents projets du même type en Europe ?

Est-il compatible avec le Pacte Vert Européen, dont, soit dit en passant, le propos même révèle bien une évolution des mentalités ?

 

C'est à ces quelques questions, et sans doute à d'autres, que nous tenterons de proposer des réponses à la lumière d'une aventure vécue en direct, en son cœur même, depuis les premiers moments et jusqu'à aujourd'hui. Une aventure qui n'a jamais faibli, s'est souvent renouvelée et se poursuit avec vigueur.

Nous en parlerons avec le souhait de faire également de ce moment un temps d'écoute, d'échanges et de réflexions sur un sujet complexe, vaste, passionnant, urgent, fondamental, pour les femmes et les hommes de nos territoires, pour notre humanité.

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